« At Nightfall The Party Wakes Up (from 5:59 p.m. to 7:56 a.m.) » – une exposition de Maxence Crossonneau.
« La Fenêtre Fraîche » est un espace d’exposition mis à la disposition des étudiant·e·s et artistes invité·e·s dans le cadre de la plateforme NDE. Cette galerie se loge dans une fenêtre des ateliers techniques de l’école et dès la tombée de la nuit envoie des signes de la vitalité de l’art sur l’esplanade F. Mitterrand comme autant de bouteilles à la mer.
Pour la cinquième exposition de l’année dans « La Fenêtre Fraîche », nous avons le plaisir d’accueillir Maxence Crossonneau, étudiant en 3e année.
Son exposition qui a pour titre « At Nightfall The Party Wakes Up (from 5:59 p.m. to 7:56 a.m.) » se tiendra dans la nuit du 21 au 22 janvier 2022. Elle s’inscrit dans le prolongement de ces diverses interventions qui depuis 6 ans questionnent les héritages de la modernité dans l’art contemporain.
En proposant une exposition comme un DJ-set qui ne durerait que le temps d’une nuit, Maxence poursuit par ce projet les recherches entamées par les avant-gardes qui ont fait entrer la fête, l’expérimentation et les dispositifs scéniques dans le champ de l’Art. On peut penser aux Dadaïstes notamment et ce fameux « Cabaret Voltaire » qui a tant nourri les imaginaires de Fluxus comme ceux des groupes indépendants anglais et posé les briques élémentaires autant de la musique expérimentale que de la scène House de Manchester.
Maxence propose ici une exposition comme une fête qui ne serait perçue derrière les stores d’une fenêtre que par ces quelques échos et éclats de lumière qui nous parviendraient dans le froid de l’hiver et la solitude des pandémies comme autant de possibles et de lendemains à réinventer. Ce projet questionne par là-même les éléments constitutifs d’une exposition : son espace, sa durée, ses fictions mais aussi sa mémoire. Une exposition d’une nuit que nous ne percevrons que par bribes mais dont la réduction des éléments amplifie l’épaisseur de son récit et des fantasmes que l’on pourra projeter.
Maxence s’est prêté à un jeu de questions/réponses inspirées des questionnaires d’Andy Warhol pour son magazine « Interview » afin de nous en dire un peu plus sur son projet.
NDE – Que voit-on ?
Maxence : Pas grand-chose finalement, seulement des effets lumineux à travers des stores vénitiens placés devant la fenêtre et qui obstruent la vision de ce qui se joue à l’intérieur. En revanche on peut entendre de la musique à travers la fenêtre de la même manière que l’on entend la musique en dehors d’un club avec un son très étouffé.
– Comment est-ce fait ?
– C’est une installation réalisée avec un store vénitien et un système d’enceintes et deux dispositifs lumineux fonctionnant au rythme du son. Il y a aussi tout le travail du son qui est un DJ set de 14h55mn non-stop qui sera joué sur toute la durée de la nuit. Un set que j’ai réalisé avec Raymond Engramer, étudiant en 3e année avec qui je collabore sur certains projets.
– Qu’est-ce que cela évoque pour toi ?
– Ce projet évoque une certaine envie de réanimer quelque chose d’éteint depuis quelque temps mais aussi de créer un dialogue entre l’école et l’extérieur en utilisant cet espace entre les deux qu’est « La Fenêtre Fraîche ». Il y a l’idée de se questionner sur ce lieu d’exposition comme une interface entre l’espace public et l’espace de l’école ou du moins de faire percevoir qu’il se passe des choses à l’intérieur de cette école. J’ai aussi envie de questionner ces deux milieux différents que sont les clubs et les lieux de diffusion d’art, pas seulement en ramenant une culture dans une autre mais de les voir plus comme un ensemble dont les codes se contaminent.
– Comment s’est opéré le choix du titre ?
– Je n’avais pas trop d’idées pour le titre, alors j’ai commencé à écrire des phrases sur ce projet et j’en ai retenu une « à la tombée de la nuit la fête se réveille », je l’ai ensuite traduite en anglais car je trouvais assez cool le fait d’avoir cette référence aux soirées Wake up du Rex club avec Laurent Garnier.
– En quoi le titre nous informe-t-il ?
– Le titre nous donne la durée totale de ce projet dans « La Fenêtre Fraîche ».
– Comment cette pièce est-elle arrivée dans ta pratique ?
– Elle est arrivée avec la lecture d’un essai qui s’intitule « La nuit (vivre sans témoin) » de Michaël Foessel qui traite de la nuit, des expériences de la nuit et surtout du fait que l’on peut se réinventer la nuit.
– Est-ce une pièce singulière, ou fait-elle partie d’un corpus plus grand ?
– Le sujet de la fête et du club sont des sujets que j’aborde dans ma pratique à travers les médiums du son et de la lumière dans un espace.
– Quelles en sont les sources et les liens, que ce soit dans le champ de l’art ou de la vie ?
– Pour cette pièce je pense notamment au travail de Marc Leckey, de La Monte Young, ou encore celui de Philippe Parreno dans le champ de l’art. L’article « What art spaces can learn from legendary Berlin nightclub Berghain » de Jenny Schlenzka m’a beaucoup influencé, mais ce projet se nourrit aussi de tout le côté historique des clubs et soirées mythiques du milieu underground et surtout de cette envie de vouloir faire la fête, de ranimer cette expérience qui est en souffrance depuis un certain moment maintenant.
– Qu’est-ce que cette pièce t’a appris ? En quoi a-t-elle déplacé ou ouvert quelque chose dans ta pratique ?
– Cette pièce m’a appris à voir comment on prépare une exposition, comment gérer son temps et la deadline, la mise en place, etc. Et surtout elle me donne envie de poursuivre ce projet qui devrait revenir le temps d’une nuit d’ici la fin de l’année dans » La Fenêtre Fraîche » mais aussi de le déployer et de le faire exister en dehors de la fenêtre.
La Fenêtre Fraîche – At Nightfall The Party Wakes Up (from 5:59 p.m. to 7:56 a.m.)
- 17/01/2022