« Postcards from Future et un biscuit »
Simon Le Bars
« La Fenêtre Fraîche » est un espace d’exposition mis à disposition des étudiant·e·s et artistes invité·e·s dans le cadre de la plateforme NDE. Cette galerie se loge dans une fenêtre des ateliers techniques de l’école et dès la tombée de la nuit envoie des signes de la vitalité de l’art sur l’esplanade F. Mitterrand comme autant de bouteilles à la mer.
Pour notre seconde exposition depuis la rentrée et la neuvième année d’expositions pensées et présentées dans « La Fenêtre Fraîche », nous sommes ravi·es de présenter une installation de Simon Le Bars, étudiant en troisième année dans notre école site de Quimper.
Son exposition a pour titre « Postcards from Future et un biscuit ». Elle se tiendra du 25 novembre au 6 décembre 2022. Lorsque Simon nous a présenté son projet, il nous a raconté comment il avait mis au point un petit atelier ambulant en écrivant sur son téléphone et qu’en imprimant ses textes sur des tickets de caisse grâce à une petite imprimante, cela lui avait permis de créer de nouvelles formes plastiques pendant son séjour à Limerick, et cela malgré le manque d’espace de travail et de moyens de production. Par tous les déplacements qu’il opérait, tant géographiques
et linguistiques qu’économiques et poétiques, Simon était en train de modifier profondément et durablement sa relation au monde et sa pratique. Son atelier en poche, il pouvait être au travail partout.
Pour cette exposition, Simon présente des images trouvées, assemblées dans l’espace de la fenêtre en discussion avec des impressions de ses poèmes surdimensionnées. Se rapprochant de démarches comme celle de Documentation Céline Duval ou de Pierre Leguillon, qui réinventent des récits par la combinaison d’archives intimes, de documents désuets chinés ici et là, Simon nous fait entendre les voix de ses « mondes fictionnels intérieurs ». Des mondes où les gâteaux ne sont pas des Princes mais où les tickets de caisse se transforment en poèmes, derrière la vitre sans tain de «la Fenêtre Fraîche».
Simon s’est prêté à un jeu de questions/réponses afin de nous en dire plus sur son projet :
NDE – Que voit-on ?
S – En haut de la fenêtre j’ai accroché deux poèmes, et en bas de la fenêtre une collection d’images et un biscuit.
– Comment est-ce fait ?
– Les tickets de caisse sont des originaux agrandis et imprimés au traceur, les images proviennent pour la plupart de
cartes postales trouvées chez des antiquaires de Limerick ou de Berlin lors de mon séjour Erasmus. Et le biscuit est
un faux Prince chocolat Netto pas très bon.
– Cela évoque quoi pour toi ?
– Pour moi, cette installation est une lettre d’amitié aux mondes fictionnels intérieurs qui m’habitent. C’est un jeu
dans lequel il faut faire le lien entre les différents documents pour créer la narration.
– Comment s’est opéré le choix du titre ?
– Le titre est une description classique, il est neutre, comme on décrirait une archive.
– En quoi le titre nous informe-t-il ?
– Il nous raconte d’où proviennent ces histoires, d’un lieu impossible appelé Future, qui comme le futur, est un
endroit abstrait, liquide, qui n’existe pas, ou peut-être dans nos inconscients.
– Comment cette pièce est-elle arrivée dans ta pratique ?
– Cette pièce découle d’expérimentations sur les relations entre textes et images, sur les rapports d’échelles ainsi
que des images mentales que j’ai travaillées lors de ce séjour en Irlande. J’avais peu de place pour travailler en
atelier, ni la possibilité de ramener des pièces volumineuses, j’ai donc voulu m’entraîner à écrire dans une échelle
réduite.
– Est-ce une pièce singulière, ou fait-elle partie d’un corpus plus grand ?
– C’est une pièce singulière car elle raconte une histoire qui lui est propre, mais elle sera le début de quelque chose
de plus grand et qui va rester avec moi pendant longtemps je pense.
– Quelles en sont les sources et les liens ?
– Le biscuit est une référence à la « gingerbread house » du conte des frères Grimm, «Hansel et Gretel ». C’est un
élément remarquable car c’est le seul objet de ce récit qui ne soit pas sur le plan bidimensionel et même si l’atmosphère
autour de cette maison est malsaine, ne soyons pas anxieux.es, car elle est loin de nous.
Cette pièce s’est également nourrie du travail de Victor Burgin (“Performative/Narrative” et “Photopath”), du travail
de Valérie Mréjen sur les cartes postales (“Meilleur souvenir” et “Soustraction”) et celui de Joseph Kosuth “One and
Three Chairs”.
– Qu’est-ce que cette pièce t’a appris ? En quoi a-t-elle déplacé ou ouvert quelque chose dans ta pratique ?
– J’ai appris à matérialiser ma pensée dans un espace restreint qui a ses propres codes de visionnage, à concrétiser
un espace mental sur une surface donnée.